Suite au départ de la famille, nous passons un week-end tranquille au mouillage avec baignade, plongée, paddle.
Lundi 21/ Mardi 22 : La veille au soir, nous avions étudié la météo et décidé que nous partirions lundi soir vers Gran Canaria afin d’arriver le lendemain en matinée. Le routage prévoyait en effet un peu moins de 15h de navigation et nous ne voulions pas arriver de nuit.
Après avoir passé l’après-midi avec leur copine Bleuenn de Pikou Panez (qui nous avait retrouvé le matin au mouillage), les filles se préparent en ronchonnant à la nuit de navigation.
Elles ne sont pas très motivées par les navigations de nuit mais bon parfois c’est quand même ce qu’il y a de mieux.
Nous levons l’ancre à 17h et prévoyons une arrivée entre 8 heures et 11 heures le lendemain étant donné qu’en général le routage est toujours plus optimiste que nos performances 😉
Nous partons avec un ris dans la voile (petit rappel : c’est-à-dire que la voile n’est pas montée jusqu’en haut mais seulement au 2/3) car le vent est assez fort et qu’il y a de forts phénomènes d’accélération entre les îles.
La fin de journée se passe tranquillement, nous remontons la grand voile en totalité après que le vent se soit légèrement calmé, et les filles vont se coucher toutes les deux dans la cabine de Margaux. Elles nous vendent le fait que ça les rassure et même si nous savons que c’est vrai et que la cabine de Margaux est plus agréable en navigation, nous savons aussi qu’elles vont en profiter pour bien papoter entre sœurs… et elles ont bien raison !!
Dans la nuit, le vent ne faiblit pas et il forcit même jusqu’à 32/33 nœuds ( 1 nœud = 1 mile nautique par heure = 1,852 km/heure) à plusieurs moments lorsque nous passons sous des fronts nuageux. Passé le premier moment d’inquiétude, et de fuite momentanée (nous abattons fortement pour descendre vent dans le dos et ainsi annulé une grosse partie des rafales) nous voyons que le bateau tient bien et nous faisons une jolie pointe à 13,9 nœuds. C’est pour l’instant notre record de vitesse 😊
Pegasus avance si bien que nous sommes exceptionnellement en avance sur le routage ; et nous qui avions tout calculé pour ne pas arriver de nuit, c’est à 5h30 du matin que nous arrivons en vue de Las Palmas de Gran Canaria !!! Résultat, vu qu’il nous reste 6 miles à parcourir soit environ une heure de navigation, nous faisons tout ce que nous pouvons pour ralentir histoire d’attendre un peu le soleil. Celui-ci ne devrait se lever qu’à 8h05 mais nous espérons pouvoir profiter avant de sa lumière. D’autant plus que Las Palmas a un énorme port industriel avec des ferries, des tankers, des cargos dans tous les sens, pas le meilleur coin pour arriver de nuit… Finalement après avoir affalé le solent, la grand voile, mis les moteurs au plus bas régime, nous mouillons l’ancre à 7h30… et retournons nous coucher pour deux heures de sommeil bien méritées 😉
La seule raison pour laquelle nous nous arrêtons à Las Palmas est que nous devons récupérer une pièce envoyée par le chantier Nautitech à un de ses partenaires ici, Alisios Sailing, et que celui-ci doit nous l’installer. Il s’agit de notre vit-de-mulet, la fameuse pièce responsable de tous nos problèmes de bosses de ris !!! Evidemment, entre temps, nous avions trouvé le moyen de limiter la casse mais il n’empêche que nous attendons cette réparation avec impatience. Pour effectuer cette réparation, le bateau doit être à la marina ; Cependant il est très compliqué d’obtenir une place à Las Palmas en octobre et novembre car celle-ci est prise d’assaut par les bateaux de l’ARC (Atlantic Rallye Cruiser) un rallye qui propose d’accompagner les bateaux dans leur traversée de l’Atlantique.
Heureusement, après discussion avec les gens du port, ils nous accordent une place pour deux, trois jours le temps des réparations. En fin de journée, nous quittons donc le mouillage pour rentrer à la marina et y dormir plus tranquillement puisque sans le roulis résultant des nombreux ferries et cargos qui circulent dans le coin !
Mercredi 23 : Nous restons tranquillement dans le bateau le matin avec activité CNED pour les filles, et petits bricolages pour Cédric et moi. Alisios est passé jeter un œil au bateau et nous découvrons dépités que nous allons devoir encore prendre notre mal en patience : le chantier n’a pas envoyé la pièce complète ☹ Gentiment la personne d’Alisios nous propose de venir demain démonter la pièce et de la poncer complètement afin d’enlever tous les points de frottement… Ce n’est pas la réparation que nous attendions mais nous espérons que cette action nous permettra d’utiliser la pièce de façon optimale. Le chantier Nautitech va entendre parler de nous et surtout de la qualité médiocre de leur SAV !!!
L’après-midi, nous recevons des nouvelles de nos copains du cata Boomerang. Ils étaient à Fuerteventura et devaient rejoindre le sud de Gran Canaria mais le vent et la houle les contraignent à venir au nord. Ils s’installent donc au mouillage de Las Palmas et nous passons une très bonne soirée à leur bord autour d’une délicieuse côte de bœuf !
Jeudi 24 : Après un appel vidéo à leur cousine, les filles s’attellent au CNED tandis que Cédric continue ses petits bricolages et que je fais des lessives ! Quelle vie trépidante n’est-il pas ??!! 😉
Comme promis, les ouvriers d’Alisios passent démonter la pièce pour l’emmener à leur atelier et deux heures après tout est bouclé et remonté. Nous verrons lors de notre prochaine navigation si cette action a changé quelque chose ou pas…
Nous ne savons pas encore réellement notre programme des prochains jours mais ce que nous savons c’est que Las Palmas est le dernier grand port non seulement avant le Cap Vert mais aussi avant la traversée de l’Atlantique. Il faut donc faire un maximum de courses « de fond » car par la suite nous trouverons facilement des produits frais mais très peu de produits type liquide vaisselle, céréales, pates… Nous partons donc à l’hypermarché du coin qui propose des livraisons sur la marina ce qui, pour une fois, nous évitera de jouer les porteurs 😉 A 19h30, l’avitaillement est là et nous rangerons tout ça correctement demain matin avant de partir de la marina.
En effet, le retour des courses est toujours assez laborieux. Non seulement il faut trouver une place pour chaque chose mais surtout il faut noter où est rangé quoi ! Cela permet d’éviter d’ouvrir tous les coffres à la recherche d’une brique de lait mais aussi de savoir combien il nous en reste en stock ! C’est une vraie petite entreprise 😊
A bord, en parlant de liste, nous avons aussi fait des listes pour récapituler les actions à faire lorsque nous arrivons au mouillage ou au port et lorsque nous en partons.
Ce sont les filles qui se répartissent les tâches et en sont responsables 😉
Nous vous joignons les photos des différentes listes !
Vendredi 25 : Rangement des courses de la veille et départ de la marina pour le mouillage juste à côté. Nous resterons 2 jours au mouillage en attendant un vent favorable pour descendre à l’ouest de l’île et sortir de cette zone industrialo-portuaire qui ne nous plait pas 😉
En attendant, nous en profitons quand même pour visiter la vieille ville de Las Palmas et la Casa Colon où Christophe Colomb avait vécu quelques temps. Nous y découvrons des maquettes de caravelles, des cartes du monde datant du XVème siècle et surtout, nous apprenons que Christophe Colomb a toujours été persuadé qu’il avait traversé jusqu’en Asie. Ce n’est qu’au XVIIIème siècle qu’il a été prouvé qu’il y avait un continent entre l’Asie et l’Europe ! Enfin bon, il reste malgré tout une sorte de héros parce que quand on voit les navires et les moyens de l’époque on se dit qu’il fallait une sacrée dose de courage pour foncer droit vers l’inconnu !!!
Dimanche 27 : de Las Palmas à Puerto de Las Nieves
Nous quittons le mouillage le matin après avoir peiné à relever notre ancre qui était coincée derrière un rocher, sans compter le fait qu’un bateau laissé à l’abandon au mouillage était passé sur notre chaine. Il a donc fallu manœuvrer en passant au plus près de celui-ci mais sans le toucher pour pouvoir finalement se dégager et partir.
La traversée se passe plutôt bien avec un vent agréable sur une bonne partie de la navigation. Nous croisons des baleines qui restent placidement à bonne distance du bateau.
Nous avions initialement prévu de mouiller dans une petite anse devant le port de la Sardinha mais en arrivant le coin ne nous a pas plu du tout. La ville semblait abandonnée, il y avait des filets partout et une grosse houle… l’environnement n’était pas attrayant. Nous décidons de pousser jusqu’à Puerto de las Nieves à quelques miles au sud et mouillons dans l’enceinte du port en bas d’immenses falaises. Le coin est très joli et nous ne regrettons pas notre choix.
Lundi 28 : Nous découvrons Las Nieves, petit village de bord de mer tourné autour des touristes qui arrivent plusieurs fois par jour en ferry depuis Tenerife. En fin de journée, nous allons nous baigner dans des piscines naturelles, à 10 minutes du village. C’est très sympa. Il y a 3 bassins, reliés entre eux par des tunnels sous l’eau. Il s’agit d’anciens marais salants transformés en lieu de baignade (seulement à marée basse) pour le bonheur de tous. Mais ces piscines n’ont de piscine que le nom puisqu’il s’agit évidemment d’eau salée mais aussi que cette eau est peuplée de poissons, coquillages et crevettes. On se prélasse donc tranquillement dans ces bassins tandis que la houle déferle sur les rochers à quelques mètres de là 😊
Mardi 29 : Avec l’équipage de Boomerang, nous récupérons les voitures que nous avons louées pour la journée et partons découvrir l’île. Nous commençons par un stop à Santa Maria de Guia afin d’acheter du pain et des éléments pour le pique-nique. Nous suivons les recommandations du Lonely Planet et nous achetons du fromage local dans une petite boutique qui ressemble plus à une boutique d’antiquaire voire de jouets anciens qu’à une fromagerie. Pourtant, au milieu de ce bric à brac trône une vitrine garnie de queso de flor, le fameux fromage à différents degrés d’affinage. Le propriétaire, Arturo, nous fait déguster les diverses sortes et nous repartons avec une portion de fromage frais et une de fromage très sec.
A quelques kilomètres de cette ville, nous nous arrêtons visiter le Cenobio de Valeron. Il s’agit d’une sorte de grenier à grain composé de 350 grottes et cavités creusées dans la roche. Elles servaient à entreposer les céréales, étaient taillées le plus arrondi possible afin de faciliter la récupération des grains et enfin étaient scellées par des pierres et du mortier.
Nous reprenons notre route pour aller admirer un des plus grands cratères de l’île la Caldera de Bandama: 200m de profondeur pour 1 kilomètre de diamètre. C’est en haut du mirador que nous pique-niquons avec un panorama à couper le souffle.
Nous nous dirigeons ensuite vers le plus haut sommet de l’île : le Pozo de las Nieves (1949m) qui offre une vue d’un côté sur la mer, de l’autre sur l’intérieur de l’île et entre autres sur le Roque Nublo et son monolithe.
Pour finir, une route tortueuse et étroite nous conduit jusqu’au village d’Artenara, le plus haut de l’île (1250m). Il s’agit d’un village troglodyte. La majorité des habitations est constituée d’une grotte devant laquelle une façade et de nouvelles pièces ont été rajoutées. Mais la grotte reste encore une partie intégrante de l’habitation puisqu’elle accueille en général la chambre à coucher. Un musée reproduit le mode de vie dans ces grottes qui ont été habitées depuis le XVème siècle. La dernière personne à vivre dans un ensemble de grottes sans façade est partie en 1993 ! Pour finir en beauté, nous avons droit aux déguisements traditionnels du début du siècle. 😊
Mercredi 30 : Cédric part tôt le matin sur Las Palmas afin de récupérer un paquet que nous attendons désespérément depuis 3 semaines (mais qu’il n’aura finalement pas…) et je reste tranquillement avec les filles à préparer le bateau pour notre traversée jusqu’à Ténérife. Mais tout d’un coup le vent se lève et le bateau est déporté vers les rochers. Je commence un peu à paniquer et remonte un peu de chaîne. Mais ça ne suffit pas. Le vent s’intensifie et l’ancre ripe ce qui nous rapproche des falaises et des rochers. J’appelle Cédric pour lui demander conseil et la seule chose à faire est soit de remonter l’ancre et de s’ancrer un peu plus loin des rochers, soit de sortir du mouillage et de faire des tours dans l’eau en l’attendant. Autant vous dire qu’aucune de ces deux solutions ne me convient mais je n’ai pas le choix !!!
Nous remontons donc l’ancre toutes les 3 (c’est une première) et tentons de mouiller à une vingtaine de mètres. Mais la tentative est infructueuse et nous voilà parties pour la 2ème solution. Encore une fois c’est une première pour moi de manœuvrer le bateau seule et d’autant plus avec des rafales de vent à 20 nœuds. Mais nous réussissons à sortir et faisons des tours dans l’eau jusqu’à ce que Cédric revienne. Un malheur n’arrivant jamais seul, nous réalisons tout d’un coup qu’une partie de la corde tenant l’annexe est en sale état. Le bout trainait en fait dans l’eau et s’est pris dans l’hélice babord. Gros coup de stress quand on sait que cela peut bloquer complètement le moteur voire créer une voie d’eau… Je teste donc le moteur mais il répond et nous ne pouvons pas faire grand-chose à part attendre…
L’aventure n’est pas finie. Il faut maintenant rentrer de nouveau dans l’enceinte du port pour aller récupérer Cédric. On ne se casse pas la tête et au lieu d’ancrer sur le lieu du mouillage précédent nous ancrons dans un endroit plus protégé, mais au milieu du chenal du ferry. Aussi, je ne peux pas laisser le bateau aux filles et Margaux doit donc prendre l’annexe seule pour aller chercher son papa au ponton. Elle a certes appris à la conduire mais jamais seule et avec le stress elle n’arrive pas à avancer correctement. Elle coupe donc le moteur et avance à la rame. Mais avec le vent ce n’est pas simple et Cédric choisit donc de sauter à l’eau depuis le quai du ferry pour la retrouver. Heureusement un pêcheur lui garde ses affaires et il les récupère ensuite une fois l’annexe reprise en main.
Pffffff je vous jure qu’on s’en souviendra mais tout est bien qui finit bien et les filles et moi sommes malgré tout très fières de nous 😊 😊
Au fait le bout a seulement été cisaillé par l’hélice et n’a rien endommagé… ; ouf 😉
La navigation vers Ténérife se passe très bien et nous avons droit à un superbe spectacle de dauphins qui nous fait (presque) oublier nos péripéties du matin. Nous arrivons en fin de journée au mouillage de Playa de la Balena et je décompresse enfin autour d’un bon apéro 😉
Que d’aventures et que de stress ! Bravo pour ces performances!
j’adore vos costumes , c’est superbe .
Merci encore de nous faire partager vos étapes avec vos magnifiques photos . Bisous à tout l’équipage.
Que de péripéties… c’est certain, vous n’oublierez jamais. Soyez prudents pour la grande traversée!
Bises à tous.
C’est sûr on a de petites et grandes aventures !!!
On va attendre un bon créneau pour nous lancer dans la grande traversée et celle des Canaries au Cap Vert nous a en donné un avant goût…
Bises de nous 4
Comme d’habitude merci encore pour ces fabuleux commentaires ces belles photos et vidéos {vous êtes très beaux en costume traditionnel}
Bonne nav
Gros bisous
jeudi 24 : très pratique ces listes!
vendredi 25 : vous avez également pu constater qu’en réalité, Christophe Colomb n’a pas mis le pied sur le continent Américain lors de ses premiers voyages.
mercredi 30 : quelle aventure! digne d’un film d’action a suspense! Et quel beau spectacle offert par les dauphins