Jeudi 19 et Vendredi 20 Mars : Nous quittons donc le mouillage de Road Harbour en milieu de journée direction la Guadeloupe. La navigation de retour de ces îles n’est pas réputée comme la meilleure ni la plus simple et c’est effectivement ce que nous expérimentons…
Le vent souffle plutôt Est que Nord-Est et nous avançons donc au près (40° du vent apparent pour les voileux), allure qui n’est pas des plus confortables… Résultat nous sommes chahutés, les vagues de 2 mètres semblent en faire 4, et l’équipage est dans un état nauséeux permanent…
A mi-chemin, le vent refusant tellement, nous hésitons à filer plein nord pour atteindre Saint-Martin. Nous prenons malgré tout notre mal en patience et continuons notre route vers la Guadeloupe après avoir été obligé de virer et de faire un long bord sur une route opposée à la nôtre pour éviter le banc de Saba au sud de l’île du même nom… La mer, assez forte, risquait de déferler à cet endroit et nous ne voulions prendre aucun risque même si cela met un coup au moral !
Nous longeons les îles de Saba, Statia, St Kitts & Nevis, Montserrat…. Toutes ces destinations que nous avions prévu de visiter tranquillement après les Iles Vierges… Malheureusement les mesures de restriction nous empêchent d’y accoster et c’est avec regret que nous les laissons dans notre sillage ☹
Sur le chemin, nous ne croisons que 2 bateaux de plaisance et 3 cargos… L’océan est vide et nous avons la mer pour nous ! C’est assez surréaliste 😊
Après 38 heures de navigation, meilleure sur les 30 derniers miles heureusement, nous arrivons enfin dans la baie de Malendure face aux îlets Pigeon. C’est là que nous avons prévu de nous poser étant donné qu’il y a une boulangerie, une pharmacie, deux supermarchés et une station-service (pour l’essence de l’annexe et le gaz). Mais aussi parce qu’il y a, à notre connaissance, au moins un bateau-copain que nous connaissons : Tacum.
Comme nous arrivons de nuit et que la visibilité est moyenne, nous plantons l’ancre un peu à l’écart des autres bateaux avec la prévision de rebouger le lendemain matin une fois le jour levé.
Harassés nous nous laissons rapidement entraînés dans les bras de Morphée. Soudain, aux alentours de 3h45 du matin, soit une heure après notre arrivée, il me semble entendre toquer au bateau. Le temps d’émerger du sommeil je réalise que ce n’est pas un rêve mais qu’il y a bien quelqu’un en annexe qui cogne à notre hublot. Je réveille Cédric pour qu’il aille voir (eh oui c’est lui le capitaine et je ne suis pas très courageuse 😉) et un jeune homme nous informe que notre ancre s’est décrochée et que nous sommes en train de dériver en nous approchant dangereusement des îlets… Branle-bas de combat à bord. Nous remontons l’ancre et partons nous ancrer de l’autre côté de la baie. Ce n’est pas simple non plus car il y a de nombreuses bouées ainsi que des bateaux de pêcheurs et de plongée… Enfin à 5h du matin nous retournons finir notre courte nuit !
Samedi 21 mars : C’est le Printemps et notre premier jour de confinement.
Le matin nous retournons dans la baie et trouvons une belle place au fond de la baie. Nous allons vérifier l’ancre et nous voici donc à notre « lieu de domicile » pour le confinement 😊
Il s’avère que le jeune homme qui nous a sauvés cette nuit s’appelle Gabriel et réside sur un superbe bateau Duc In Altum avec son père, son frère, sa sœur et leur cousine. Ce sont des amis de Tacum et vu que Gabriel suit ses cours à distance durant le confinement il est levé à 3h pour s’aligner sur le début des cours en métropole. Merci encore Gabriel !!!
Nous leur apportons donc une bouteille de vin afin de les remercier et c’est ainsi que nous faisons connaissance de Gabriel, Paola, Titouan, Emmanuel et Hermine.

Depuis ce jour :
Je ne vais pas tenir un journal de confinement au jour le jour car ça risquerait d’être plutôt ennuyeux mais je vais vous partager les principales conséquences de cette situation ainsi que des éléments de notre quotidien.
- L’avitaillement
Les premiers jours ont été un peu compliqués étant donné que, pour se protéger, certains maires de Guadeloupe ont commencé à faire paraître des décrets municipaux interdisant aux personnes sur les bateaux de voyage comme le nôtre de descendre à terre… et les encourageant à regagner leur port d’attache ! Lorsque celui-ci se trouve à 5.000 km ce n’est pas simple et si nous décidions de le faire nous aurions quand même besoin de descendre à terre faire un avitaillement (ont-ils oublié qu’ils vivaient pour grande partie du tourisme ?)… Nous étions donc bloqués sur les bateaux sans possibilité de se ravitailler.
Heureusement, le Préfet a rapidement rendu caduques ces arrêtés municipaux et nous avons donc été soulagés de ce point de vue là.
Question eau, nous avons la chance d’avoir le désalinisateur qui nous fournit de l’eau. Mais celui-ci consomme pas mal d’électricité et, bien que nous soyons aux Antilles, le soleil n’est pas là tous les jours 😉 Donc nous faisons attention à notre consommation d’eau et électricité comme d’habitude.
Question gaz nous étions contents d’avoir une station-service à terre. Malheureusement après deux semaines à appeler tous les jours et à nous entendre répondre « le camion va passer bientôt » nous avons abandonné l’idée de trouver du gaz ici… Cédric a donc pris l’annexe et a parcouru les 3 miles qui nous séparent de Pointe-Noire afin d’aller se ravitailler en gaz avec Jérôme de Spica ( la solidarité de la mer joue à plein)

- L’heure d’activité physique
L’autre question était liée à la possibilité de se baigner ou non. Notre domicile étant notre bateau, il semblait légitime que le fameux rayon d’1 kilomètre pour faire du sport ou se balader s’applique aussi à nous. Mais deux raisons ont restreint ce périmètre :
- Les secours doivent être concentrés sur les patients atteints de Covid-19 et ne pourraient donc pas venir nous secourir en cas de souci lors de la baignade au large
- Les habitants n’ayant pas le droit d’aller sur la plage, ils étaient jaloux de notre capacité à nous baigner et ont donc demandé que cela nous soit interdit
Aujourd’hui nous n’avons pas d’information officielle mais il semblerait que nous ayons le droit de nous baigner dans un rayon de 20 mètres autour du bateau. Cependant interdiction d’aller sur la plage donc la seule possibilité de se dégourdir les jambes est lorsque nous allons faire les courses. Or les enfants n’ont pas le doit d’aller faire les courses avec nous donc ils ne peuvent pas se balader à terre… L’autre jour, une famille sur un bateau-copain Spica a tenté une balade et la police leur a dit que s’ils voulaient marcher ils devaient prendre leur voiture et aller dans la forêt… nous avons bien-sûr tous des voitures sur nos bateaux 😊 😊 😊
De notre côté, nous allons de temps en temps prendre nos douches sur la plage lorsque nous n’avons plus assez d’eau à bord et nous en profitons pour faire courir les filles 😉
Aussi, nous profitons quand même tous les jours d’une grosse baignade – jeu autour du bateau afin de faire passer le temps et nous fatiguer un peu. Parfois, nous allons même jusqu’à prendre masques et palmes pour observer la nature si belle ici (nous sommes de grands rebels !)
- La surveillance des forces de l’ordre
Je ne suis pas du tout « anti-police » mais là je dois dire que je commence vraiment à en avoir assez.
Comme je l’ai dit, nous n’avons aucune vraie source officielle en Guadeloupe sur ce que l’on a le droit de faire ou pas.
Depuis notre arrivée nous avons eu la visite de bateaux de la police, de la gendarmerie, du Préfet, de la police du parc national car nous sommes dans la réserve Cousteau, des Affaires Maritimes, des Douanes et même de la Marine Nationale.
Douanes Préfet Marine Nationale
Mais personne n’a été capable de nous donner une information cohérente…
Je ne vous parle même pas de l’hélicoptère de la Gendarmerie qui vole en rase-motte au-dessus des bateaux… Qui hurle dans son haut-parleur « Cette activité nautique est interdite par le Gouvernement » lorsque les enfants jouent sur le paddle qui est accroché au bateau !!!
Juste pour nous intimider… On se croirait dans un état totalitaire !
- L’environnement
Alors ça c’est certain que l’on ne peut pas s’en plaindre… D’autant plus que nous sommes dans la réserve donc nous avons l’impression de nager dans un aquarium. Il y a multitude de tortues, de poissons, de coraux et nous avons même eu plusieurs visites de dauphins dont une visite durant laquelle nous avons pu nager avec eux ! Le rêve de ma vie 😊 Je vous laisse savourer la vidéo.
- Quid de la fin du voyage ?
Au début de cette aventure, nous avions prévu de faire la boucle Atlantique dans son intégralité.
Après la transatlantique aller, nous avons réalisé que les longues navigations n’étaient pas ce que nous préférions et nous avons donc décidé de mettre le bateau en vente aux Antilles. Nous avions quelques contacts dont un quasiment abouti jusqu’à l’arrivée de ce cher Covid qui a tout remis en question.
Les acheteurs intéressés se sont rétractés et l’économie s’étant plus ou moins mise en berne, les ventes de bateaux ne sont plus vraiment à l’ordre du jour…
Il a donc fallu réfléchir à la suite et fin de notre voyage.
Plusieurs options s’offrent à nous :
- Laisser le bateau aux Antilles en attendant qu’il se vende et rentrer tous les 4 en avion.
Mais différents points nous ont fait rejeter cette option : D’abord le fait qu’à compter du 1er juin les Antilles entrent en période cyclonique ce qui veut dire une assurance plus chère et une obligation de « désarmer » le bateau à savoir affaler le solent, détacher la bôme du mât et la poser sur le roof et ranger tous les éléments possibles à l’intérieur. Un acheteur potentiel ne pourrait donc pas faire un essai en mer ni apprécier le bateau dans son intégralité et rien ne se passerait jusqu’à novembre. Mais aussi le fait que nous n’ayons pas été convaincus par les « brokers » locaux (les revendeurs de bateaux d’occasion) qui ne semblent pas très dynamiques ni réellement motivés… Nous sommes donc quasiment certains que rien ne se passera durant le prochain semestre
- Ramener le bateau en cargo
Option certes très pratique et qui apparaît comme la plus sûre et la plus simple mais économiquement compliquée puisque l’ensemble de l’opération coûterait environ 20 à 22 000 Euros….
- Renvoyer les filles en avion et que Cédric et moi fassions la transat retour
Un bon compromis même si cela veut dire 30 à 40 jours de navigation pour nous sans équipier puisqu’il n’y a pas de possibilité d’obtenir une dérogation pour faire venir quelqu’un de métropole pour nous aider… Nous ne rentrons pas dans les cases de l’attestation dérogatoire 😉
Et cela signifie aussi au moins 40 jours durant lesquelles nos familles devront s’occuper des filles. Je ne me fais pas trop de souci pour ça mais en ces temps de confinement et d’épidémie nous savons que ce ne sera pas non plus des plus simples !!!
Le souci est que même si Air France a conservé des vols France-Outremer et Outremer-France, ceux-ci ne sont pas accessibles aux enfants non accompagnés… Donc cette option tombe à l’eau…
Nous pourrions éventuellement demander à des équipages de bateaux-copains de les prendre en charge mais encore une fois c’est une grosse responsabilité dans les temps actuels et chacun aura déjà son lot de problèmes à gérer…
- Rentrer tous les 4 en bateau
Les filles n’ont vraiment aucune envie de faire le retour en bateau. Il faut dire que ce sera long et avec une grosse partie en navigation au près, c’est-à-dire des vagues, du roulis, l’allure la moins performante du catamaran… donc pas très agréable. Et en plus du stress supplémentaire pour le capitaine d’avoir ses enfants à bord 😉
Nous ferons de notre mieux pour éliminer cette option…
- Les filles et moi rentrons en avion et Cédric trouve un ou deux équipiers sur place pour ramener le bateau avec lui
C’est l’option qui s’annonce la plus plausible actuellement mais avant de partir je veux être certaine que Cédric aura au moins une personne fiable pour effectuer cette transat retour qui n’est pas aussi simple que l’aller…
Nous avons rencontré une famille sur un catamaran qui a réussit à le vendre juste avant l’épisode Covid et qui le livre aux acheteurs le 30 Avril. Le papa serait intéressé de faire une transat et s’est proposé pour accompagner Cédric. Nous en sommes donc là aujourd’hui… A suivre 😉
Coucou les amis ! Merci pour ces nouvelles. Je suis bien triste pour vous de voir votre si belle aventure gâchée par ce fichu virus… 🙁
Les photos et vidéos sous marines sont magiques, j’espère que vous aurez encore beaucoup de consolations de ce genre !
Prenez bien soin de vous.
Bisous à tous,
Audrey.
C’est vrai que la transformation en “voyage immobile” est un peu frustrant, mais bon on se dit que cela pourrait pire ! On vous embrasse tous
et ben commençons par le plus pas marrant :quelle galère entre les differentes autorités, l approvisionnement , le retour etc……
dommage,nous pensons que michel se serait fait 1 plaisir d accompagner cedric….
confinement oblige!!!!!
pour le reste nous nous avons encore révés, et surtout vraiment appréciés les photos et cette magnifique et féerique vidéo….
bon courage pour la suite a bientot
paul isabelle
On va essayer de faire encore un peu rêver en montant quelques jolies vidéos !! on a le temps….
Ainsi, après 38h de navigation assez éprouvante, vous êtes depuis, certes dans un lieu magnifique et préservé, mais confinés! Par bonheur,les dauphins sont venus vous consoler! Merci pour cette vidéo si surprenante sur fond musical ô combien célebre!!
Et puis, en fait ne vous plaignez pas car vous avez sans arrêt de la compagnie entre la police, le préfet, les affaires maritimes, les hélico etc… Bref, on vous bichonne!!
Question du retour, difficile de se projeter, je vous comprends.
Espérons que la situation se débloque prochainement.
Merci pour toutes ces nouvelles et les belles photos qui nous font rêver.
Mille bisous à partager.
On pense à bien vous depuis Megève lieu de notre confinement; soyez prudents et à très vite pour un bon apéro !!! Les Faure. biz les amis
Merci les amis. L’avantage si on ramène le bateau c’est que vous pourrez venir naviguer 😉
Je pense bien à vous, j’espère que vous trouverez une solution pour votre retour. Si vous avez besoin d’une famille d’accueil pour les filles, on a beaucoup de place à la maison. La Saône est moins bleue que la mer, il n’y a pas de dauphins 🐬 mais il y a des cygnes 🦢…Je vous embrasse très fort. Nane
Merci beaucoup c’est adorable. Bisous et à très vite
De gros bisous de nous 2, nager avec les dauphins, magnifique quelle chance, même si c’est difficile en ce moment pour vous, vous vous êtes construits de magnifiques souvenirs avec vos filles. Encore merci de nous les faire partager. Bon courage et ne vous précipitez pas pour prendre une décision soyez prudents.
Merci à vous de suivre nos aventures. A bientôt
Bonjour !es pirates:comment ça!vous n’avez pas mis la voiture sur le bateau pour
les balades en forêt ,avec un petit effort elle aurait pu rentrée dans un coffre!!!
Après cette plaisanterie magnifique vidéo de cette nage avec les dauphins,féerique,
Malgré certaines absurdités et incohérences du confinement,profitez un max du
bateau et de la mer.
Bises à tous
Nous ne sommmes pas les plus mal lotis donc on reste positifs 😉. Bisous
Bon courage pour trouver une solution pour le retour.
Merci pour ces images magnifiques… Nager avec les tortues et les dauphins… Whaaaa… Heureusement qu’il y a ça!